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L’abeille noire

L' Abeille Noire: l'abeille de tous les européens

L’abeille c’est une belle histoire de plus de 100 millions d’années. A cette époque, elle ressemblait plus à une guêpe et comme la guêpe elle mangeait des insectes. Et oui, étonnamment l’abeille n’est pas une descendante des premiers pollinisateurs, mais d’une guêpe. Elle a probablement peu à peu évolué en mangeant des petits pollinisateurs transportant du pollen. On ne sait pas vraiment quand l’abeille est devenue végétarienne, mais il y a eu une évolution morphologique donnant des abeilles de plus en plus spécialisées dans la récolte du nectar et pollen et donc dans la pollinisation.

L’histoire de notre abeille d’Europe, l’Abeille Noire ou Apis Mellifera Mellifera, que nous connaissons aujourd’hui est bien plus récente.

Lors de la dernière glaciation qui était à son maximum il y a environ 20.000 années toute l’Europe était recouverte par une véritable montagne de glace à l’exception des côtes méditerranéennes et du Golfe de Gascogne. Cette partie était recouverte de steppes boisées et herbacées. On y a même retrouvé des traces de pollens de chêne, noisetier ou tilleul.

 

Apis mellifera y a trouvé refuge. Les conditions étaient rudes pour ces abeilles vivant dans une région qui était entourée par l’immense glacier du Nord, les Alpes à l’Est et la barrière glacée des Pyrénées au Sud-Ouest. Des vents violents et glacés, un été court avec des températures ne dépassant pas les 15°C et des hivers à -20°C ont imposés une forte sélection naturelle. Seules les colonies les plus frugales, les plus rustiques, les plus ardentes à défendre leur réserve de miel et celles ayant une stratégie de récolte et stockage du miel pour passer l’hiver ont résisté.

Apis mellifera mellifera, l’abeille noire, véritable survivante des glaciations est née.

 

Ce sont ces poches de survivance pendant la période glaciaire qui ont permis une reconquête rapide du territoire lors du réchauffement climatique.

 

Il y a environ 8000 ans, le climat se réchauffe. Les abeilles s’étaient désormais différenciées sur le territoire Européen. Apis mellifera iberica au sud des Pyrennées, Apis mellifera ligustica en Italie au sud des Alpes et Apis mellifera mellifera au nord des Pyrénées et des Alpes. N’ayant aucun obstacle elle recolonise toute l’Europe du nord jusqu’à l’Oural à l’Est tout comme la flore.

Cette capacité d’adaptation à des conditions climatiques extrêmes confère à l’abeille noire un patrimoine génétique exceptionnel.

 

Dans chaque pays les habitants revendiquent comme strictement locale cette abeille noire qui alimente nos ancêtres depuis la nuit des temps paléolithiques.

« Abeille Noire de France, Abeille Noire de Belgique, Abeille Noire d’Allemagne, Abeille Noire du Tyrol, … »

elle est l’abeille de tous les européens, même si une observation scientifique a pu observer des variations locales liés à une adaptation à la flore locale et à des pratiques agricoles et culturelles. Nous pouvons donc dire que l’Abeille Noire de chez nous est l’abeille indigène belge.

 

Sa rusticité en fait une abeille convenant bien à une apiculture avec des ruchers sédentaires. Au 19ème siècle, la Belgique disposait d’une population d’abeilles noire intacte. Après avoir survécu dans nos contrées au cours des millénaires, cette précieuse abeille est aujourd’hui menacée de disparition. Les apiculteurs importent massivement des abeilles d’autres sous-espèces. Ne contrôlant pas les accouplements de leurs abeilles, les abeilles importées se croisent avec l’abeille noire indigène provoquant une hybridation incontrôlable. Cela conduit à une dégradation du cheptel au profit d’une abeille abâtardie. Le patrimoine génétique irremplaçable de l’abeille noire, résistante et façonnée par nos paysages, se dilue ainsi de manière accélérée. Selon les scientifiques, cette pollinisatrice locale, venue du fonds des âges, pourrait totalement disparaître.

Une abeille rustique pour une apiculture durable

Dans son aire d’indigénat, l’abeille noire fait preuve de grandes capacités d’adaptation et elle est très rustique. Cette abeille est une très bonne butineuse et pollinisatrice. Elle est dotée d’une grande puissance de vol et capable de voler par basse température. Econome, elle ne gaspille pas ses ressources et elle est plus résistante que les races importées.  Tout cela en fait une abeille qui convient bien à une apiculture durable, utilisant moins de ressources et d’énergie. En Belgique, aucune autre race ne permet d’envisager la pratique d’une apiculture durable.